La dichotomie nature/culture en éthologie, illustrée par les études sur le développement du chant chez les oiseaux
Résumé
Depuis l’Antiquité, le chant des oiseaux suscite l’intérêt des poètes, des musiciens et des naturalistes. L’existence de variations géographiques (ou dialectes locaux) du chant d’oiseau laissait déjà supposer à Aristote (350 avant JC) que ce signal était appris par transmission culturelle. Au 18ème siècle, Barrington (1773) observe que le chant de jeunes oiseaux élevés par des tuteurs hétérospécifiques diffère du chant homospécifique. Cependant, jusqu’au milieu des années 1950, il n’existait pas de moyen objectif de confirmer ces observations par des mesures physiques du signal. C'est lorsque le chant a pu être analysé avec le spectrographe que cet apprentissage vocal a pu être clairement démontré (Catchpole & Slater, 2008). Grâce à ce développement technologique, les études sur l’ontogenèse des vocalisations chez les animaux en général et chez les oiseaux en particulier ont connu un véritable essor, et ont animé les débats sur l’inné et l’acquis en éthologie dans la seconde moitié du 20ème siècle.
Après avoir fait un état des lieux des connaissances sur l’ontogénèse des vocalisations chez les oiseaux, et du chant en particulier, je reviendrai sur les aspects ultimes et proximaux de ce comportement vocal, en mettant en exergue l’apprentissage vocal. Je montrerai ensuite comment le chant des oiseaux s’est imposé comme un modèle biologique de choix pour comprendre l’apprentissage vocal avant d’illustrer par un exemple l’apport des études en laboratoire pour comprendre l’évolution culturelle du chant.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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