Troie, sur le chemin des croisades (XIIe-XIVe siècles) - Université Paris Nanterre Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Atlantide - Cahiers de l'EA 4276 L’Antique, le Moderne Année : 2014

Troie, sur le chemin des croisades (XIIe-XIVe siècles)

Résumé

The medieval Western world resorted to the Trojan myth, treated then as a historical subject, to explain its own relation to the Crusade. In the Chronicles, the references to the Greek siege of Troy serve to establish the legitimacy of the Crusade, especially of the taking of Constantinople in 1204, as can be seen, for instance, in two poems included in Gunther de Pairis’ Hystoria Constantinopolitana (1205-1206). With Benoît de Sainte Maure’s Roman de Troie and its various translations in prose (in particular the first one, written around 1280, and Guido delle Colonne’s Historia Destructionis Trojae around 1287), echoes of the fourth Crusade begin to resonate in Trojan history throughout the 12th and 13th centuries. The resulting variations of the legend reflect the political and religious ambiguities of the relationship with the Byzantine Empire. Such an ideological representation can further be found in other works expanding the story and setting it in larger territories, up to the Holy Land (for example, the Roman de Landomata, attached to Prose 1, and the Roman d’Hector et Hercule written in the 14th century). The Trojan history was not only perceived as a myth accounting for the foundation of Western dynasties and cities, but also, from the 13th century onward, as a real “bestseller” of the Crusade, generating a prolific production, between copies, identifications and superimpositions. Thus a pagan myth, through its variations, achieved the paradoxical goal of helping the Western civilization to shape its relationship to religion, Holy Land and Salvation.
Considéré au Moyen Âge comme relevant du domaine de l’Histoire, le mythe de Troie a servi à représenter le rapport de l’Occident à la croisade. Dans les chroniques, les références au siège antique en soutiennent la légitimation, en particulier lorsqu’il s’agit de la prise de Constantinople en 1204, comme en témoignent deux poèmes insérés dans l’Hystoria Constantinopolitana de Gunther de Pairis (1205-1206). La matière troyenne des XIIe et XIIIe siècles, de Benoît de Sainte-Maure à ses mises en prose (en particulier la première mise en prose du Roman de Troie vers 1280 et l’Historia Destructionis Troiae de Guido delle Colonne vers 1287), font entrer dans l’histoire troyenne les échos de la quatrième croisade, imposant à la légende des variations qui déclinent les ambiguïtés politiques et religieuses de la relation au monde byzantin. D’autres œuvres amplifiant la légende (Le Roman de Landomata, rattaché à Prose 1, et le Roman d’Hector et Hercule, XIVe siècle) prolongent cette représentation idéologique en l’étendant, à travers de plus vastes territoires, jusqu’à la Terre Sainte. L’histoire troyenne a été perçue non seulement comme un mythe de construction des dynasties et des cités occidentales, mais encore, à partir du XIIIe siècle, comme un véritable « best-seller » de la croisade, suscitant production, copies, jeux d’identifications et de superpositions. Paradoxalement le mythe païen, dans ses métamorphoses, aura servi aux Occidentaux à modéliser leur rapport à la religion, à la Terre Sacrée, au Salut.
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Citer

Florence Tanniou. Troie, sur le chemin des croisades (XIIe-XIVe siècles). Atlantide - Cahiers de l'EA 4276 L’Antique, le Moderne, 2014, 2. ⟨hal-01406909⟩
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