Raconter le travail à l'ère post-industrielle. Compte-rendu de l'ouvrage de Corinne Grenouillet, Usines en textes, écritures au travail. Témoigner du travail au tournant du XXIe siècle (Paris, Classiques Garnier, 2015).
Résumé
On est dedans, dans la grande usine univers, celle qui respire pour vous.L'usine, on y va. Tout est là. On y va. L'excès-l'usine. Leslie Kaplan, L'Excès-l'usine, POL, 1982. Littérature laborieuse : état de l'art. Revenant sur le goût de la sociologie qui a toujours guidé ses lectures, Corinne Grenouillet s'installe dès l'entrée de cet ouvrage dans une posture de chercheur à la fois spécialiste et ouvert aux disciplines voisines. On retrouve là l'une des préoccupations majeures du champ littéraire universitaire aujourd'hui, qui s'interroge sur son rapport aux sciences humaines et l'opportunité d'y confronter ses pratiques pour les mettre à l'épreuve et les enrichir. En effet, la représentation du travail (qu'il s'agisse de la chaîne à l'usine ou des "petits boulots" et des diverses formes de la précarité caractéristiques de l'époque contemporaine) dans les textes littéraires constitue un objet au carrefour de la littérature et de la sociologie. Depuis la fin de l'ère industrielle, sociologues, psychologues, économistes et littéraires constatent une dégradation des rapports de l'homme avec son travail, et l'étudient selon des perspectives qui s'informent mutuellement. C'est un sujet dont le monde universitaire littéraire est en train de se saisir, et C. Grenouillet commence par saluer les ouvrages parus récemment qui s'y consacrent.