Naturalisme et culture de l'esprit chez Dugald Stewart
Résumé
On se propose de comprendre dans cet article le lien établi par Dugald Stewart entre la philosophie de l’esprit (l’étude des pouvoirs naturels de l’esprit) et la défense d’une culture de l’esprit (par l’éducation « libérale » et les réformes politiques). Pour ce faire, on rappelle dans un premier temps la spécificité du naturalisme théiste, anti-sceptique, développé par Reid et Stewart. Puis l’on montre comment le naturalisme de la philosophie du sens commun se concilie avec le perfectionnisme qui anime les considérations politiques de Stewart dans les Éléments de philosophie de l’esprit humain. Malgré sa fidélité à l’inspiration reidienne, il faut relever d’importantes divergences entre sa philosophie de l’esprit et celle de son maître, divergences qui s’expliquent par l’attention renouvelée qu’il prête à la pratique des opérations de l’esprit, en tant qu’elle développe des habitudes et des dispositions mentales. La philosophie de Reid n’était pas dépourvue de pragmatisme, si bien que Stewart a pu croire qu’il en accomplissait le projet, sur certains points, mieux que Reid lui-même.