Nostalgie cherche preneur
Résumé
La nostalgie est désormais une valeur mondialisée, ce qui ne signifie ni qu'elle est partout la même, ni que ceux qui en souffrent le plus en tirent profit en conséquence. Cet article offre à cette proposition générale une illustration, par l'examen des peintures d'Amatiwana Trumai, Indien d'Amazonie brésilienne, et de leur échec à s'insérer sur le marché de l'art. La carrière d'Amati, débutée dans les années 1960, s'ancre dans une existence marquée par la maladie, l'exil, le constat des transformations brutales induites par la colonisation. Figurant pour la plupart la vie qu'il estime avoir perdue (la mythologie, les rituels, la faune et la flore du Haut-Xingu), ses toiles produisent la nostalgie autant qu'elles l'expriment. Mais de quelle nostalgie s'agit-il et à qui s'adresse-t-elle~? Ne suscite-t-elle pas des malentendus sur les notions d'authenticité et d'original~?