Abstract : Marx is not a thinker of the diversity of capitalism. Thus, Volume I of Capital seems to pose the British model (machinery, industrial revolution, endless pursuit of improving labor productivity) as the mature coherent and self-sustaining form that capitalism is able to achieve, a form in which the sharpening of its constituent contradictions can only occur. However, discreetly, Volume I also appears sometimes to be on the path of a reflection on the significant space of variations still open for capitalism and, more radically, upon the “non-British” forms that can characterize its history and its geography. At a time when it is crucial, both epistemologically and politically, to learn to decline the term “capitalism” in the plural, this ambiguous strategy is not without interest.
Résumé : Marx n’est pas un penseur de la diversité du capitalisme. Ainsi, le Livre I du Capital semble bien poser le modèle britannique (machinisme, révolution industrielle, poursuite sans fin de l’amélioration de la productivité du travail) comme la forme mature, cohérente et auto-entretenue, à laquelle peut parvenir le capitalisme, forme qui permettra précisément l’aiguisement de ses contradictions constitutives. Cependant, de façon discrète, ce même Livre I semble aussi parfois s’engager sur la voie d’une réflexion sur l’espace de variation considérable encore ouvert pour le capitalisme et, plus radicalement, sur les formes « non-britanniques » qui peuvent caractériser son histoire comme sa géographie. À l’heure où il est crucial, épistémologiquement et politiquement, d’apprendre à décliner le terme « capitalisme » au pluriel, cette stratégie ambiguë ne manque pas d’intérêt.