, de tels enchaînements d'événements ont-ils été possibles ?) et des sciences politiques (comment un Etat totalitaire obtient-il la soumission totale de ses citoyens), que d'une préoccupation morale. Son interrogation principale porte sur la nature humaine, sur ce que l'expérience totalitaire révèle de la nature humaine. « Etant établi que l'homme se soumet à une contrainte et à une violence infinies, il faut en tirer la déduction ultime, décisive pour la compréhension de l'homme et de son avenir. La nature de l'homme subit-elle une mutation dans le creuset de l'Etat totalitaire ? L'homme perd-il son aspiration à la liberté ? Dans la réponse à ces questions résident le sort de l'homme et le sort de l'Etat totalitaire » (VD 169). L'analyse des mécanismes de la Terreur totalitaire, côté nazi ou côté soviétique, est toujours, chez Grossman, dirigée vers cette préoccupation morale : qui peut, Si Grossman a donc besoin du parallélisme entre nazisme et communisme, du rapprochement entre la terreur hitlérienne et la terreur stalinienne, et donc du concept d'Etat totalitaire (le terme figure dans Vie et Destin), c'est dans une perspective qui relève non pas tant de l'histoire