, Les propos des commanditaires vont dans la même direction. Pour eux, l'intérêt des commandes dépend bien sûr de la qualité du travail fourni. Mais il tient aussi à la portée des débats engagés au sein de l'institution, qui peuvent faire émerger des espaces de réflexion ou « tiers espaces » inédits, en décalage avec la routine du quotidien. Ils autorisent des moments « d'apprentissage informels » (Carré, Charbonnier, 2003) dont les effets sont difficiles à mesurer, mais qui permettent à chacun, selon un commanditaire, « de repartir, un peu plus riche, un peu plus armé [?] [de tenir] des discours politiques qui sont moins fermes et qui prennent mieux en compte des usages ». À l'issue de cette première analyse, qui dresse donc un bilan somme toute positif de cet exercice d'un point de vue pédagogique, une question d'importance demeure en suspens. Cette question, qui pourra être utilement approfondie lors de recherches futures, concerne le financement des commandes : audelà de l'expérience de Nanterre, comment le financement influence-t-il les conditions de réalisation de cet exercice ? Est-il un frein à la liberté d'apprentissage et de penser ? Est-il au contraire une condition nécessaire à la mise en situation professionnelle ? L'enjeu peut paraître trivial à première vue, mais il ne l'est pas si l'on considère, d'après l'expérience de Nanterre, le rôle nodal du contrat et de l'engagement économique dans la manière dont s'engagent les relations singulières entre université et commanditaire. On peut néanmoins en discuter la pertinence, prendre en compte ce qui vient d'autrui et n'est pas défini à l'avance, sans pour autant abandonner ses savoirs propres. C'est bien l'idée de faire avec d'autres manières de penser et de réfléchir, de bousculer les pratiques déjà connues, en supposant que c'est une des manières d'appréhender la complexité des pratiques de production de la ville contemporaine et leur caractère négocié, 2009.

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