En relisant Les Mots & les Choses
Résumé
Les Mots & les Choses, 1966Parler aujourd'hui d'un livre comme Les Mots et les Choses, presque cinquante ans après sa publication, signifie à l'évidence en interroger la fécondité à la hauteur de notre propre époque : que reste-t-il désormais d'un livre dont il fut dit, à l'époque, qu'il se vendait \guillemotleft comme des petits pains \guillemotright, et dont le succès éditorial fut au moins également proportionnel aux discussions et aux polémiques qu'il suscita ? En réalité, il est difficile d'évaluer l'actualité potentielle du texte sans en avoir, au préalable, restitué l'inscription dans son propre temps \textemdash et, plus ponctuellement, dans l'économie complexe du parcours de Michel Foucault. C'est là, sans doute, que les choses se compliquent.La recontextualisation d'un ouvrage dans son paysage historique d'origine n'est jamais chose aisée. Dans le cadre des Mots et les Choses, elle s'avère d'autant plus glissante qu'elle semble en apparence facile. Le danger est qu'en son nom, on recouvre en réalité le texte de toute une série de schémas interprétatifs bien souvent postérieurs et en large mesure \guillemotleft durcis \guillemotright par la volonté que toute histoire a de découper dans le réel de la pensée \textemdash c'est-à-dire aussi dans son tissage complexe, dans ses contradictions et ses revirements \textemdash des clivages immédiatement lisibles, des oppositions frontales, des frontières évidentes, des partages univoques. Pour ne pas se limiter à la simplification rétrospective, la remise en contexte d'un livre comme Les Mots et les Chose