, Aussi en entendant ce mot de 'taquin' appliqué à Charlus parce qu'il donnait un si beau château, Oriane n'a pu s'empêcher de s'écrier, involontairement, je dois le confesser, elle n'y a pas mis de méchanceté

, Le jeu de mots fait référence à un personnage de l'histoire romaine dont le nom traduit à une lettre près les traits de caractère du baron à la fois taquin et qui a de la superbe. L'auguste traducteur qu'était Moncrieff se montre tout aussi fin ici que l'auteur qu'il traduisait : "[?] well, some one [sic] had been telling my wife all that and saying that if my brother was giving this place to our sister it was not so much to please her as to tease her, C'est un plat qui a posé plusieurs difficultés aux traducteurs

, La métamorphose du roi romain en empereur pour traduire ce jeu de mots estampille cette traduction du sceau de l'excellence. Charlus est de nouveau l'objet d'un calembour que Proust fait semblant d'écarter en le qualifiant de « mauvaise plaisanterie ». Le jeu de mots est préparé dans la phrase le précédant qui se termine par « à reculons ». La syllabe centrale de ce verbe est reprise dans le mot « funiculaire » qui est écorché afin d'y faire entendre le mot imprononçable d'« enculeur » : « On risquait encore, quand il n'entendait pas, une mauvaise plaisanterie : "Oh !" chuchotait le sculpteur en voyant un jeune employé aux longs cils de bayadère et que M. de Charlus n'avait pu s'empêcher de dévisager, si le baron se met à faire de l'oeil au contrôleur, nous ne sommes pas prêts d'arriver, le train va aller à reculons. Regardez-moi la manière dont il le regarde, La langue anglaise permet à Scott Moncrieff d'introduire une paire rimée dans sa traduction -« to please her » / « to tease her » qui met l'eau à la bouche de ses lecteurs

, Alors que ce dernier avait traduit simplement par « the train will start going backwards » et semble avoir pris le jeu de mots pour une erreur à corriger, « this is not a steam-tram we're on, it's a funicular » (trad. Moncrieff, Cities of the Plain : II 258), Kilmartin a moins de retenue ; il se déchaîne en traduisant le jeu de mots à l'aide d'une paronomase : « "this isn't a puffer train, but a poofter train". » (II 1075) Cette traduction a beau être anachronique en ce sens que l'emploi du mot « poofter » pour désigner un homosexuel en argot date des années 1970

, Sturrock ne pouvait faire sienne la solution étincelante de Kilmartin et signale le jeu de mots dans l'original en appuyant sur les allusions au postérieur : « "the train will start going arsy-versy? we're not on a train anymore but a bummel

, tout comme le texte littéraire selon Proust, ils sont formulés dans une sorte une langue étrangère : celui qui les entend se sent déstabilisé, pris dans un entre-deux où il chancelle d'incompréhension pendant une fraction de seconde avant l'éclair. Nous avons voulu démontrer que si les jeux de mots s'écrivent sur des lignes de faille, les traduire en langue étrangère les inscrit sur des lignes de fuite. En nous concentrant sur leur traduction en anglais, nous nous sommes efforcés de mettre en évidence comment ils participent de la « vie vertigineuse et perpétuelle, Cette analyse des jeux de mots dans À la recherche du temps perdu et de leur traduction en anglais aboutit à la conclusion que

, Traduire les jeux de mots a révélé une des stratégies que Proust a adoptées pour attaquer la langue : il l'a travaillée, la pétrissant comme une pâte qu'il a laissée gonfler dans son texte

, Ses traducteurs ont suivi ses recettes en réalisant en anglais des « combles » et des « à-peu-près », mais donnant leur langue au chat, ils ont parfois été contraints de concocter des langues de chat qu'ils présentent aux lecteurs dans des notes explicatives. Le traducteur aux fourneaux produit aussi des restes -des mots, des allusions, des résonances qui ne peuvent être incorporés dans le texte traduit. Comme il travaille dans une cuisine étrangère

M. Proust, , 1913.

, Remembrance of Things Past: Within a Budding Grove (2 volumes). C.S. Moncrieff (trad.). Londres : Chatto and Windus

, Remembrance of Things Past: The Guermantes Way (2 volumes). C.S. Moncrieff (trad.) Londres : Chatto and Windus

, volumes). C.S. Moncrieff (trad.) Londres : Alfred Knopf, Remembrance of Things Past: Cities of the Plain

, Remembrance of Things Past (3 volumes). T. Kilmartin (trad.). Londres : Penguin, 1983.

. J. Swann's-way, Grieve (trad.). Canberra: Australian National University, Search of Lost Time (6 volumes, 1992.

, The Way by Swann's, Search of Lost Time, vol.1

, In the Shadow of Young Girls in Flower, Search of Lost Time, vol.2

W. The-guermantes, Prendergast (éd.). M. Treharne (trad.), vol.3

G. Sodom, Search of Lost Time, vol.4

R. Duval and S. , L'Ironie proustienne, 2004.

W. Gordon and . Terrence, , vol.32, pp.146-150, 1986.

R. Mackenzie, « Calembour, Cuir and Corps Bon Conducteur : Towards a Proustian Poetics of Word-Play, Nottingham French Studies, vol.39, issue.2, pp.193-202, 2000.

C. Prendergast, The Triangle of Representation, 1984.

M. Proust, Contre Sainte-Beuve, éd. P. Clarac & Y. Sandres. Paris : Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard. -. 1981. Correspondance, vol.8, 1954.

W. Redfern, Puns. Oxford: Basil Blackwell, 1984.

M. Wood, « Translations, A. Watt (éd.). Marcel Proust in Context, pp.230-240, 2013.